Ils en parlent


Olivier Bonnet

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Galerie du parc

        Le temps passe, peu à peu, le printemps s’achève doucement, les fleurs de rhododendrons s’étiolent et laissent éclore les roses. Le temps passe et nous voici déjà au dixième anniversaire de l’ouverture de cette galerie : un lieu vaste, un outil formidable pour les artistes de notre région. Aussi nous sommes heureux de vous accueillir à cette occasion mais surtout pour cette superbe rétrospective de l’œuvre d’Annie - Claude FERRANDO qui fête, pour l’heure, ses quarante années de création.
        Cette exposition est le cheminement unique d’une artiste, un parcours sincère, sans concession, fruit de recherches chromatiques, esthétiques, de matières, de forces, fruit d’essais, d’hésitations, de doutes, de trouvailles, de créations couchées, formées de son sang, de sa sueur et de ses larmes, un fruit de sa vie. Certes, l’évolution est fulgurante depuis ses premières toiles, ses premiers dessins, ses premiers collages où un élan est déjà présent : c’est le désir d’une expression plastique, celui de ne pas suivre une voie trop facile puisque la vie ne l’est pas. La vie est faite de bonheurs, douceurs, tendresses, beautés mais aussi de combats, tristesses, nostalgies, déchirures, duretés, fragilités et elle laisse des traces indélébiles dans les mémoires.
        Alors les sentiments et les sensations se mettent en éveil dès la grisaille, le verdoiement des talus, des collines et des pommiers normands : l’autre terre, la terre d’adoption. Annie–Claude fait danser les plus célèbres falaises au rythme des flots pour que l’aiguille et la porte s’étreignent tendrement tout comme s’enlacent les cuivres et les cordes s’évaporant en des couleurs qui se fondent dans la fraicheur de l’audition, dans la force des sonorités. Les instruments chanteurs de notes, interprètes d’une gestuelle codée cèdent la parole à une pléiade de mouvements calligraphiques, de signes premiers, occidentaux, cyrilliques, orientaux, mayas, terriens : traces éternelles des mémoires des autres, inscrites jusque dans des tablettes cuites. Le Monde s’interroge, son origine reste sans certitude : qui fut le premier, l’œuf ou la poule ? Les volatiles rivalisent de légèreté, de plumages, de huppes et de crêtes multicolores. Une autre question se pose : pourquoi inscrire cette parade écarlate de gallinacés dans des losanges ? Peut-être parce que cette forme posée au sol n’est pas plus stable qu’un œuf. Les couples d’oiseaux veillent tour à tour le nid : les chats ne sont pas loin. Malins, coquins, câlins, mythologiques, persan aux yeux perçants : ce sont des enjôleurs dont la séduction s’efface d’un coup de griffe, d’une déchirure. Pourtant, ils ne portent pas de masques carnavalesques comme ces humains qui, derrière, cachent leur être. Malgré l’élégance, l’apparence, le déguisement, le biscuit émaillé : les mystères demeurent, les faces restent voilées, presque sans vie. Mais lorsque Annie – Claude s’attarde sur ses semblables, l’artiste joue de toutes ses matières préférées : papier, toile, porcelaine, bois, verre, bronze. Toutes ses cordes sensibles sont sollicitées pour rendre hommage à la femme. Elle la peint, la modèle, la crée : joyeuse, tribale, danseuse, exubérante, vive, heureuse, nourricière, ethnique, féconde, gracieuse, simple, revendicative, militante, victime d’un serpent invitant à croquer un fruit au cœur empli de pépins. Et l’hymne se déclame encore en bustes de chairs multicolores, écrites, transparentes, fragiles, moulées, coulées, thermoformées, en torses généreux aux rondeurs prometteuses, en probable espérance pour l’humanité. Le franc se décline de la même manière, semble-t-il : les boites à sous, les cornes d’abondance, les tirelires de verre viennent en complément des compositions aux dominantes colorées de ces véritables billets sauvés d’une totale destruction. Les coupures de différentes époques, d’origines diverses se mêlent aux timbres, aux cartes géographiques, aux problèmes d’arithmétiques et deviennent, entre autres, Marianne, Semeuse et histoires d’une époque révolue contées aux plus jeunes par ce devoir de mémoire. Cette rétrospective s’achèvent en cathédrales rouennaises : hommages à ses bâtisseurs, à ses infatigables restaurateurs, à cette célèbre série de l’illustre Claude Monet, à la capitale normande, à ce spectacle estival de ces dernières années, à l’art, au monument de pierre, de bois, de verre, de métal, à sa beauté, son histoire. Et la voilà flamboyante, rougeoyante, festive, orageuse, ensoleillée, automnale, enneigée, nocturne.

        Le temps passe, les années une à une s’égrainent, les mémoires grandissent de ces multiples regards portés, posés sur la vie. Elles sont parfois écrites, peintes, composées, chorégraphiées, bâties ou sculptées. L’art donne à se souvenir, à réfléchir, à vivre. Permettez moi de remercier sincèrement Annie-Claude pour ces quarante années d’obstination, de détermination, pour cette vibrante exposition variée qui reste, malgré tout, presque uniformément de la même tonalité : des tons chauds, des tons de terre, ses terres, celles d’ici et là-bas. Alors juste une dernière question : seraient-ce les terres de tes mémoires ou les mémoires de tes terres ?

Olivier Bonnet
2010


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Cathédrales

Durant ma jeunesse, je promenais mes culottes courtes en cette ville aux cents clochers. Mes souvenirs s’y attachent par une démonstration architecturale moyenâgeuse si marquante que le plaisir de découvrir encore la statuaire, les manuscrits enluminés de cette époque reste encore vivant. Rouen est, à mes yeux, un grand livre d’histoire de l’art architectural, littéraire, pictural mais aussi artisanal : l’histoire de tous ces corps de métiers, de toutes ces guildes qui ont façonnés cette cité.
        Quel fut le choc de la jeune Annie - Claude, venue du désert, aux premiers regards sur ces maisons, sur ces monuments plus dentelés les uns que les autres ? Quelle fut son émotion à l’approche de Notre Dame par la rue du Gros Horloge, quand arrivée sur le parvis, la cathédrale se présente majestueuse, massive, imposante, élancée vers ce ciel changeant, normand ? Car elle s’impose la belle au milieu de la vallée : elle en est le phare, le guide, la signature inimitable. C’est elle qui définit au premier coup d’œil la peinture de Camille Corot avant même d’en lire le cartel : « Vue de Rouen depuis la colline Sainte Catherine » et en bien d’autres tableaux. C’est elle que Claude Monet choisit pour sa célèbre série, pour cet hymne à la lumière, à l’impressionnante et mystérieuse beauté du monde.
        Elle est là, depuis des siècles, bâtie, ruinée par les invasions vikings, reconstruite peu à peu, s’élevant plus haut grâce aux arcs boutants et aux contreforts gothiques, témoin de drames liturgiques célèbres, ornée d’une riche statuaire de saints et de saintes que les guerres de religion décapitent, d’anges et d’archanges protecteurs qui combattent les diables, les chimères et les gargouilles. Elle est là, flanquée de ses tours, victime de la foudre détruisant la flèche de bois et de plomb qu’un grandiose ouvrage de fonte remplace, proie de bombardements alliés, d’incendies, de tempêtes hivernales. Elle est là, malgré tous les outrages, elle résiste droite, fière, fait peau neuve, est restaurée, réparée, recouverte et prend des couleurs, les soirs d’été : la grande et vieille Dame inspire encore !
        Elle est là devant nos yeux, par cet hommage, par ces tableaux. Certes, ils s’intègrent, à merveille, au dernier thème « Ballade en Normandie », mais prennent, je crois, une place singulière dans toute l’œuvre peinte d’Annie-Claude FERRANDO : insinuant les séries « Musique » et « Ecriture » et rappelant, sans aucun doute, « Mémoire de femme ». La pierre se fait chair offensée par les hommes, violentée par les éléments mais demeure bien ferme, digne, vivante, présente, gardienne de mémoires, du chant sacré, du livre d’histoire des morts et des vivants, de l’humanité. Elle est là, gothique, et comme son style, rayonnante et flamboyante mais aussi rougeoyante de beauté. Elle reste craintive, encore gémissante sous l’orage, pâle sous la neige, mais surtout radieuse parce que parée de ses tenues d’été, de ses effets d’automne, de ses embrasements diurnes, de ses ombres au couchant ou vêtue de ses atours nocturnes sous la lanterne lunaire. La musique et les chants transpirent au travers des vitraux, résonnent sur la place et, dans la nuit chaude, elle s’habille de lumières, de teintes numériques, multicolores, chaleureuses, de feux artificiels, festifs, de confettis écarlates. 
        Les cathédrales d’Annie-Claude FERRANDO sont comme ce sanctuaire : elles sont construites par le temps, enduites de joies, de larmes, brossées de grandeur, d’humanisme et colorées de sacré, de divin : elles puisent, dans les bonheurs et les souffrances, la beauté qu’il nous reste pour vivre.

Olivier Bonnet
à la Cathédrale de Rouen, le 3 juillet 2010


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Le franc revisité

        Il y a quelques années, alors que le franc avait encore cours, en m’immisçant, peu à peu, dans le milieu artistique régional, j’eus le plaisir de rencontrer Annie - Claude FERRANDO dont la liberté d’expression, la créativité se révélaient déjà. Avec le temps, son travail a pris le chemin de ses mémoires au travers de thèmes qu’on pourrait croire nostalgiques alors qu’ils ne témoignent que d’espérances, de bonds en avant, d’un regard rivé sur l’avenir, obstinément parce que les évènements vécus cimentent de solides édifices, construisent de grandes œuvres.
        Il y a dix ans, quelques francs étaient démonétisés après un peu plus de deux siècles de bons et loyaux services. Notre franc avait remplacé la livre d’un régime révolu avant de conquérir une partie de l’Europe et de l’Afrique au fil de l’histoire de notre pays. S’il perdure, encore, comme unité pour de nombreux peuples, il s’est enfoui, pour nous, en nos souvenirs comme un trésor oublié au fond d’une salle de coffres.
        Depuis, Annie - Claude, nous en rappelle la saga géographique, l’aventure humaine, les contes et légendes que ces petites feuilles de papier véhiculaient de main en main, de commerces en salaires, de labeur en roublardises, de fortunes en pauvreté. En partie sauvés de la destruction totale, des billets recouvrent, alors, leur visage : celui des anonymes en d’autres contrées, anciens territoires français, chères à notre artiste ou celui des grands hommes qui nous entraînent en des pièces musicales, des recherches scientifiques, des constructions métalliques, des toiles colorées, des pages littéraires, aventureuses. Le « Prélude à l’après-midi d’un faune » résonne, la chercheuse découvre le polonium, la Sainte Victoire s’élève comme la Liberté statufiée, l’aviateur dessine un mouton pour un petit prince de désert. Mais l’invitation ne s’arrête pas là : elle se poursuit en d’autres pages de notre histoire commune, en nos propres souvenirs de coupures à l’effigie d’Hugo, Voltaire, Molière, Pascal.
        Les rescapés, alors, se fondent dans la composition, ou en étayent la structure, les matières, exaltant les traces de gravure, les traits d’écriture, les portraits, imprimant la tonalité, les chaleurs et le chromatisme de la toile. Les billets renaissent en premières monnaies fiduciaires de quelques sols, en feuilles d’automne aux pieds des arbres dont ils proviennent, se sèment en pluie de souvenirs sous le regard de Marianne ou s’amassent en lambeaux de papier, victimes d’une broyeuse, pour garnir quelques boites à sous, quelques cornes d’abondance et, enfin, s’agglutinent en briques pour figurer ceux qui en seraient les plus avides.

        Nul besoin de chercher la salle des coffres, de tenter de les percer ou de s’évertuer à en trouver les clés pour en extraire la richesse évidente. Cette exposition est comme « mémoire de femmes », comme les « cathédrales ». Annie – Claude nous offre son regard humaniste : sage témoignage parfois dérangeant sur notre monde de douleurs et de joies, appel militant, incessant, inlassable, à de belles valeurs.

Olivier Bonnet
le 30 novembre 2012


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Cathédrale dans tous ses états

        Des cathédrales dans une chapelle : quel tour de force ! On pourrait s’attendre au contraire : c’est le monde à l’envers en cet endroit. Des cathédrales ou une cathédrale ? Car il s’agit bien, toujours, de la même : de ce célèbre monument qui culmine en la cité rouennaise, de cette élégante dame qui connaît bien des histoires, grandes et petites.
        En son chœur, il y a trois ans, j’eus l’honneur de présenter, en compagnie de Simone Arèse, la première partie de la série d’Annie-Claude, digne suite de thèmes qu’elle travaillait précédemment : Musique, écriture, mémoire de femme, ballade en Normandie. A l'occasion qui m’était offerte, je donnai, à ces toiles, une place singulière dans toute son œuvre : je ne peux que confirmer et encore l’affirmer.
        Le temps est passé, a fait son office : la série s’est agrandie. Dans la veine des peintures déjà admirées, notre cathédrale reste festive, joyeuse, elle transpire aux couleurs des quatre saisons, revêt une robe immaculée, pétille, toujours, en confettis pourpres, s’embrase, rougeoie, s’enflamme, flamboie passionnément, en des écarlates de feu et de sang, sacrées. Elle s’endort seule ou en compagnie de l’astre nocturne, garde, parfois, la tête dans les nuages ou l’esprit brumeux : quoi de plus naturel, de plus humain. Elle joue de matières, tant sur la toile qu’en installations : les transparences s’illuminent, se voilent derrière sa construction métallique ou s’occultent d’un lit végétal, fleuri. Il faut dire, aussi, qu’elle peut craindre d’être engloutie et gémir sous l’orage mais surtout qu’elle garde en elle les souvenirs d’autres cités, de voyages à Vila Verde, Lisbonne, Khiva ou Rome, qu’elle se remémore des images désertiques, des tempêtes de sable de l’enfance … parce que tout artiste sincère, laisse surgir, au travers de son œuvre, le portrait de sa vie, de sa mémoire, de son âme.
        Si le modèle n’est pas dessiné pour la ressemblance parfaite mais pour les émotions ressenties face à lui, pour l’abandon qu’il procure en des heures extatiques où le temps suspend son vol, dès lors, l’artiste et son sujet ne font plus qu’un jusqu’à l’oublier. Et Notre Dame devient le miroir d’une existence à l’abri des flèches et des tours, bons ou mauvais. Elle en révèle aussi bien les bonheurs que les souffrances, les espoirs que les déceptions. Annie-Claude n’a-t-elle pas trouvé son graal, touché son inaccessible étoile ? Ces portraits de cathédrales lui ressemblent : ils sont des parts d’elle-même, de sa communion avec Claude, époux et dévoué complice, ils sont des bribes de sa vie qu’elle nous livre avec force, enthousiasme, chaleur, sensibilité et générosité.

        La série est complète, en cette chapelle, rassemblée. Notre attente semble terminée, notre patience récompensée. De plus, l’événement est couronné par la naissance d’un livre illustrant merveilleusement cette saga comme un point d’orgue résonnant dans la nef de l’édifice. Est-ce le point final ? La messe est-elle dite ? J’ose ne pas y croire. Seul, le chapitre est clos parce que je sais qu’Annie-Claude a encore beaucoup à nous donner.

Olivier Bonnet
en la Chapelle du Carmel, Bois-Guillaume, le 18 octobre 2013


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Petites histoires de la cathédrale

Clair de Lune sur la Cathédrale
        En compagnie de Jeanne, il terminait son marché sur les trottoirs de Rollon lorsqu’un roulement de tambour résonna, un peu plus loin. Chalands, touristes, badauds : la foule disparut. Les carillons du Gros Horloge tintinnabulèrent puis ce fut le silence. Rien ne les obligeait à arpenter les pavés plutôt que de rentrer chez eux, excepté cette lumière intrigante qui les invitait en bout de rue. Plus intense à chaque pas, l’appel devint sans recours, tenace, vibrant, éblouissant, happant …
        Arrivés sur la place, elle était là : majestueuse, sans autre fard que des rayons lunaires qui transperçaient ses dentelles, ombraient ses formes généreuses, révélaient ses rondeurs avantageuses et illuminaient ses saints.
        Rien ne les obligea à la détailler, longtemps, et pourtant ce soir-là, ils la quittèrent, volontairement, par la rue des Bonnetiers.

Sous une pluie de confettis rouges
        Il sortait fatigué, éreinté, d’une soirée mémorable entre amis, de quelques heures légères, sans abus, mêlées de plaisir et d’hilarité : rien de trop, juste ce qu’il aime. Le bonheur et la fraicheur nocturne le restauraient. Il déboucha de la rue Georges Lanfry et se dirigea vers le Syndicat : l’initiative n’était pas si hardie.
        Tout à coup, elle s’éclaira de couleurs multiples, chaudes, heureuses : la fête continuait, rien que pour lui, en ces minutes désertes. Puis dans un énorme vacarme assourdissant, semblable à un coup de canon, elle se para de myriades de confettis rouges, sanguins, écarlates. A ce bouquet final, en cette apothéose, une cohue bigarrée et joyeuse commença d’envahir l’endroit.
        Effrayé, certainement, il rebroussa chemin et s’engouffra dans la rue Saint Romain, fuyant cette foire.

Cathédrale enneigée
        Seine passée, elle remonta, lentement, la rue Grand Pont. L’hiver avait blanchi en épaisseur la noirceur bitumineuse. Les vitrines festives éclairaient ses pas hésitants, frigorifiés, glacés sans qu’elle prenne le temps de les lécher comme d’ordinaire. Ses seules envies étaient de rentrer au chaud et de boire un thé brûlant. Et puis, les flocons brouillaient encore son regard et terminaient de tremper sa chevelure et son manteau.
        Au coin de la rue du Change, elle la découvrit : pâle, livide, les yeux cernés, creux. Pourtant, les lumières de la ville irradiaient son élancement, sa grandeur, sous ce ciel chargé, dense. Le froid vif, la neige la rendait encore plus belle, plus éclatante, imposante, attirante. Malgré le manque de degrés, elle la toisa durant quelques instants magiques, après tout, réconfortants.
        Puis elle traversa et prit la rue du Petit Salut.

Couleurs d’été sur la cathédrale
        Elle voulut la voir, rapidement, avant de rouler vers Orly : la saluer. Elle évita la plupart des mendiants déchaussés et, prestement, emprunta le passage : ce n’est pas l’étoile qui indique l’enfant. Encore une fois avant de partir, se dit-elle, heureuse, en longeant les ferronneries de la Cour d’Albane. Elle atteignit le parvis et fendit la foule pour aller jusqu’au mur de l’ancien magasin Lévy. Là, elle se retourna et se posa, le plus calmement possible.
        Elles étaient radieuses. Juillet se terminait sur des tons chauds, sous un ciel d’azur. Les dermes jouaient avec la clarté céleste. Elles étaient enjouées et pensèrent l’une comme l’autre qu’elles ne s’étaient jamais rencontrées sous de meilleures dispositions. Elles se sourirent, imperceptiblement.
        Combien de temps dura l’enchantement ? Nul ne le sait, encore aujourd’hui, mais l’avion s’envola sans elles.

Cathédrale aux couleurs de Khiva
        De la basse à la haute vieille, tour à tour, il se déplaçait, nonchalamment. Puis, il pénétra dans l’Epicerie, longea les limonades et les cafés pour fondre sur le beurre, le contourner, aller se camper, afin de regarder, au milieu de l’espace empli de quelques gens bons.
        Sur une motte, un piédestal, elle était là : parée de bleus. Ils n’étaient ni de Gex, ni de Bresse mais simplement de ces turquoises sacrés, divins, de ces nuances qui colorent la route de la soie en ses escales mythiques, au travers de l’Asie Mineure. Elle étincelait, sous le soleil de juin, drapée de rayons chaleureux, tel un saphir en son écrin infini, teint de guède, aux moirures terreuses.
        L’heure fut belle, presque royale, certainement sanguine. None sonna en tour, Yves rentra chez lui : rue Eau de Robec.

Cathédrale « ferronnerie »
        Elle habitait seule, impasse des Hauts Mariages, non loin de l’Aître Saint Maclou. Le temps était gris, argenté, les pavés luisants. Malgré tout, elle sortit sans raison : juste pour flâner, réfléchir, rêvasser, s’aérer.
        Sur la place de l’Etameur, elle prit à droite en direction de la Tour couronnée puis obliqua, à gauche, pour franchir la République et fouler le trottoir de la Chaîne. Au bas de la Croix de Fer, elle l’aperçut.
        Sa poitrine se gonfla sous l’émotion, son rythme cardiaque s’accéléra, tout comme son pas qui la menait vers cette rencontre imprévue. Sous le ciel de plomb, la cathédrale se dessinait telle une construction métallique : affinée, effilée, filiforme, aux fenêtres cuivrées, martelées. Elle en fut heureuse et amusée.
        Tout à coup, la pluie redoubla laminant son visage. Par le portail des Libraires, elle y entra s’abriter. Là, au fond du chœur, elle vit la croix de bois.
        Quelques semaines plus tard, elle déménageait : rue d’Enfer.

Cathédrale taguée
Durant ma longue vie, j’ai reçu la visite d’illustres personnages : Richard, Charles, Louis, Jehan, Pierre, Théodore, Gustave, Emma peut-être, Victor, Prosper je crois, Eugène, Camille, Marie-Henri, Guy, Edouard et j’en oublie.
Mais il en est un dont j’ai un souvenir impérissable : l’ami Claude. Il s’installait face à moi « au Caprice » des heures du jour et me portraiturait sans cesse. Il m’avoua ses anciennes passions pour des meules, des peupliers mais ne jura que par moi durant plusieurs mois. Sur ses toiles, il appliquait ses touches vives et colorées, révélant mes lumières, ma nudité, mon intimité. Il en fit une trentaine : la bombe de Léonard ne peut en dire autant ! Hélas, il me quitta pour une mare fleurie mais il reste présent en ma chair, comme tatoué.
Je vous raconte cette histoire parce que depuis quelques années, les nuits d’été, il me revient en rêve.

Cathédrale immaculée
        Depuis plusieurs dizaines d’années, ils sont à mon chevet, mes absides, mon transept, ma nef, mes portails. Compagnons du devoir, architectes, ouvriers, artisans, tailleurs et j’en passe : ils me nettoient, me bichonnent, me restaurent, me font un « lifting », lavent les outrages du temps quand ce ne sont pas ceux des hommes, gomment la noirceur des siècles.
        Flèches dentelées, gargouilles grotesques, statuaire foisonnante, tympans, voussures, trumeaux, pinacles, contreforts, lancettes : ils redonnent à Notre-Dame, comme ils m’appellent, mes plus fiers atours, ma beauté flamboyante, mon teint diaphane, ma robe crayeuse comme les falaises bordant mon ancestrale voisine.

Déjà, je leurs rends grâce éternelle mais il me tarde d’en finir pour, enfin, resplendir : lumineuse, rayonnante de blancheur sous le soleil zénithal de la mi-août.

Olivier Bonnet
2013


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Promenade Normande

        Il y a trente ans, en m’immisçant, peu à peu, dans le milieu artistique régional, j’eus le plaisir de rencontrer Annie-Claude FERRANDO dont la liberté d’expression, la créativité se révélaient déjà. Avec le temps, son travail a pris le chemin de ses mémoires au travers de thèmes qu’on pourrait croire nostalgiques alors qu’ils ne témoignent que d’espérances, de bonds en avant, d’un regard rivé sur l’avenir, obstinément parce que les évènements vécus cimentent de solides édifices, construisent de grandes œuvres. Avec le temps, les hymnes à la musique, à l’écriture, au franc, à la femme ont enchantés son parcours, notre attention et nos curiosités.
        Depuis quelques années, son regard s’est porté sur notre belle région en nous invitant à de flamboyantes étapes. La ballade y est douce et bucolique en cette campagne verdoyante aux multiples nuances, les forces terrestres et humaines s’imposent en ces quelques sites remarquables qu’elle recèle et qui sont ici évoqués : les lignes végétales ou minérales se dressent vers le ciel comme des élévations de l’âme. Quoi de plus imposant que l’élancement de ces futaies de hêtres en clos, ces remparts de bois au milieu des plaines ? Quoi de plus envoûtant que ces jaillissements grandioses de roches sculptées par la Manche et le temps, ces arches d’ivoire, cette dentelle calcaire ? Quoi de plus magique que cette immense baie aux lumières changeantes où le Mont se dresse comme un phare éclairant le Monde, de plus émouvant que ces érections de pierres bâties par la foi et l’histoire, que ce monument, miroir d’une existence à l’abri des flèches et des tours, bons ou mauvais, que cette cathédrale dans tous ses états.
        La « promenade normande » est majestueuse et célèbre la grandeur de la nature tout autant que celle de l’homme. Elle prolonge le point d’orgue qui résonne toujours en la nef de Notre-Dame : ce livre illustrant merveilleusement le travail de plusieurs années qui se poursuit sous la voûte céleste des portes d’Etretat. La musique n’est plus la même, mais le roulement des myriades de petits galets berce déjà notre quiétude :


… Entre deux pics de craie,
Inlassablement le ressac donne le tempo
En ce lieu de paix où le temps s’arrête
Pour quelques heures de calme au goût salé.
N’attendre rien ou si peu :
Savoir que le soleil y brûle
Les douleurs du quotidien,
Que le ciel d’azur
Y calme les corps.
N’attendre rien d’autre
Que le temps passe :
Doucement au rythme
Sourd des vagues,
Au son des voix étrangères
Des échanges familiaux,
Souriants, amicaux.

Olivier Bonnet
Ste Hélène Bondeville, le 19 avril 2014


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Annie-Claude janvier 2015

        Rencontrer un artiste est très souvent un plaisir : des découvertes sont à la clé. Face à Annie-Claude FERRANDO, s’ajoutent la chaleur de ses origines qu’elle transmet au premier regard et le sourire rayonnant qu’elle adresse dès le premier contact. A sa curiosité du Monde s’additionne celle des êtres qui le peuplent : elles sont ses inspirations, les ferments de ses joies, de ses cris, de ses peines, de son travail.
        Depuis quarante cinq ans, Annie-Claude FERRANDO ne cesse de créer, de chercher, d’innover, de multiplier les techniques, de douter, de se remettre à l’ouvrage, quotidiennement. Toutes ces années l’ont amenée à exposer de nombreux sujets dont la plupart traite de la mémoire de l’humanité. Sans nostalgie, ils ne témoignent que d’espérances, de bonds en avant, de visées sur l’avenir, obstinément. Parce que les évènements vécus cimentent de solides édifices, construisent de grandes œuvres. Est-ce l’une des conséquences d’un déracinement précoce, la contrainte de s’adopter, de s’intégrer à une vie différente en des horizons plus verdoyants, moins secs, qui ont engendré cette acuité ? Son regard s’attarde mais sa main, prolongement de ses pensées, peint, sculpte, installe.
        Si elle fut amenée à prendre, entre autres, la femme ou l’écriture pour thèmes, témoignant de leurs diversités, de leurs rondeurs et de leurs chemins, deux autres sujets, deux monuments historiques, l’accaparèrent durant ces dernières années : le franc et la cathédrale Notre-Dame de Rouen.
        Il y a treize ans, quelques francs étaient démonétisés après un peu plus de deux siècles de bons et loyaux services. S’il perdure, encore, comme unité pour de nombreux peuples, il s’est enfoui, pour nous, en nos souvenirs comme un trésor au fond d’une salle des coffres.
        Depuis, Annie-Claude, nous en rappelle la saga géographique, l’aventure humaine, les contes et légendes que ces petites feuilles de papier véhiculaient de main en main, de commerces en salaires, de labeur en roublardises, de fortunes en pauvreté. En partie sauvés de la destruction totale, des billets recouvrent, alors, leur visage : celui d’anonymes en d’autres contrées, anciens territoires français, chères à notre artiste ou celui de grands hommes qui nous entraînent en des pièces musicales, des recherches scientifiques, des constructions métalliques, des toiles colorées, des pages littéraires, aventureuses. Mais l’invitation ne s’arrête pas là : elle se poursuit en d’autres pages de notre histoire commune, en nos propres souvenirs de coupures à l’effigie d’Hugo, Voltaire, Molière, Pascal.
        Les rescapés du pilon, alors, se fondent dans la composition, ou en étayent la structure, les matières, exaltant les traces de gravure, les traits d’écriture, les portraits, imprimant la tonalité, les chaleurs et le chromatisme de la toile. Les billets renaissent en premières monnaies fiduciaires de quelques sols, en feuilles d’automne aux pieds des arbres dont ils proviennent, se sèment en pluie de souvenirs sous le regard de Marianne ou s’amassent en lambeaux de papier pour garnir quelques boites à sous, quelques cornes d’abondance ou s’agglutiner en briques.
        Puis, dans l’œuvre d’Annie-Claude FERRANDO, il y a quelques années, la cathédrale de Rouen s’est imposée comme elle le fait au milieu de la vallée normande : elle en est le phare, le guide, la signature inimitable. Elle est là, depuis des siècles, bâtie, ruinée par les invasions vikings, reconstruite peu à peu, s’élevant plus haut grâce aux arcs boutants et aux contreforts gothiques, témoin de drames liturgiques célèbres, ornée d’une riche statuaire de saints et de saintes que les guerres de religion décapitent, d’anges et d’archanges protecteurs qui combattent les diables, les chimères et les gargouilles. Elle est là, flanquée de ses tours, victime de la foudre détruisant la flèche de bois et de plomb qu’un grandiose ouvrage de fonte remplace, proie de bombardements alliés, d’incendies, de tempêtes hivernales. Elle est là, malgré tous les outrages, elle résiste droite, fière, fait peau neuve, est restaurée, réparée, recouverte et prend des couleurs, les soirs d’été : la grande et vieille Dame inspire encore !
        La pierre se fait chair offensée par les hommes, violentée par les éléments mais reste festive, joyeuse. La cathédrale transpire aux couleurs des quatre saisons, revêt une robe immaculée, pétille, toujours, en confettis pourpres, s’embrase, rougeoie, s’enflamme, flamboie passionnément, en des écarlates, de feu et de sang, sacrées. Elle s’endort seule ou en compagnie de l’astre nocturne, garde, parfois, la tête dans les nuages ou l’esprit brumeux : quoi de plus naturel, de plus humain. Elle joue de matières, tant sur la toile qu’en installations : les transparences s’illuminent, se voilent derrière sa construction métallique ou s’occultent d’un lit végétal, fleuri. Il faut dire, aussi, qu’elle peut craindre d’être engloutie et gémir sous l’orage mais surtout qu’elle garde, en elle, les souvenirs d’autres cités, de voyages à Vila Verde, Lisbonne, Khiva ou Rome, qu’elle se remémore des images désertiques, des tempêtes de sable de l’enfance … Parce que tout artiste sincère, laisse surgir, au travers de son œuvre, le portrait de sa vie, de sa mémoire, de son âme.
        Ses cathédrales sont comme ce sanctuaire : elles sont construites par le temps, enduites de joies, de larmes, brossées de grandeur et colorées de sacré, de divin : elles puisent, dans les bonheurs et les souffrances, la beauté qu’il nous reste pour vivre.
        Les œuvres d’Annie-Claude FERRANDO sont le cheminement unique d’une artiste, un parcours sincère, sans concession, fruit de recherches chromatiques, esthétiques, de matières, de forces, fruit d’essais, d’hésitations, de doutes, de trouvailles, de créations couchées, formées de son sang, de sa sueur et de ses larmes : le fruit de sa vie, de son travail passionné, inlassable, inspiré par le quotidien, le passé et l’avenir de l’humanité.
        Si l’art donne à se souvenir, à réfléchir, à vivre, Annie-Claude FERRANDO nous invite à penser que créer est prendre sa liberté à bras le corps.

Olivier Bonnet
Janvier 2015


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Annie-Claude février 2015

        Depuis quarante cinq ans, Annie-Claude FERRANDO ne cesse de créer, de chercher, d’innover, de multiplier les techniques, quotidiennement. Toutes ces années l’ont conduite à exposer de nombreux sujets dont la plupart traite de la mémoire de l’humanité. Sans nostalgie, ils ne témoignent que d’espérances, obstinément. Si elle fut amenée à prendre la femme ou l’écriture pour thèmes, deux monuments historiques l’accaparèrent durant ces dernières années : le franc et la cathédrale Notre-Dame de Rouen.
        Il y a treize ans, le franc était démonétisé après plus de deux siècles de bons et loyaux services. S’il perdure pour quelques peuples, il s’est enfoui en nos souvenirs comme un trésor au fond d’une salle des coffres.
        Depuis, Annie-Claude nous en rappelle la saga, l’aventure humaine que ces feuilles de papier véhiculaient de main en main, de commerces en salaires, de labeur en roublardises, de fortunes en pauvreté. En partie sauvés de la destruction totale, des billets recouvrent, alors, leur visage : celui d’anonymes en d’anciens territoires français, chères à notre artiste ou celui de grands hommes, parts de notre mémoire collective.
        Des rescapés du pilon se fondent dans la composition, en étayent la structure, les matières, exaltant les gravures, les traits d’écriture, les portraits. Ils impriment la tonalité, les chaleurs et le chromatisme de la toile. Les billets renaissent en monnaies de quelques sols, tombent en feuilles d’automne, en pluie sur Marianne ou s’amassent en lambeaux pour garnir boites à sous, cornes d’abondance ou s’agglutiner en briques.
        Puis, dans l’œuvre d’Annie-Claude FERRANDO, la cathédrale de Rouen s’est imposée comme elle le fait en Seine. Elle est là, depuis des siècles, bâtie, ruinée, reconstruite, s’élevant plus haut, gothique, ornée d’une riche statuaire, flanquée de ses tours mais victime de la foudre, de guerres, d’incendies, de tempêtes. Malgré tous les outrages, elle résiste droite, fière, restaurée.
        La pierre se fait chair offensée par les hommes, violentée par les éléments mais reste festive : la cathédrale transpire aux couleurs des quatre saisons, revêt une robe immaculée, pétille en confettis pourpres, s’enflamme, flamboie en des écarlates sacrées. Elle s’endort seule ou en compagnie de l’astre nocturne, elle garde l’esprit brumeux : quoi de plus naturel, de plus humain. Elle joue de matières, tant sur la toile qu’en installations : les transparences s’illuminent, se voilent ou s’occultent. Il faut dire, aussi, qu’elle craint d’être engloutie et de gémir sous l’orage mais qu’elle se souvient de voyages à Vila Verde, Lisbonne, Khiva ou Rome ou de tempêtes de sable de l’enfance … Parce que tout artiste sincère, laisse surgir, au travers de son œuvre, le portrait de sa vie, de son âme. Ses cathédrales sont construites par le temps, enduites de joies, de larmes, brossées de grandeur et colorées de divin : elles puisent, dans les bonheurs et les souffrances, la beauté qui nous reste pour vivre.
        Les œuvres d’Annie-Claude FERRANDO sont le fruit de recherches chromatiques, esthétiques, de matières, de forces, celui de sa vie, de son travail passionné, inspiré par l’humanité : le cheminement d’une artiste unique.

Olivier Bonnet
Février 2015


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Château d'Etelan

        Depuis de nombreuses années, c’est toujours un plaisir renouvelé de venir en visite au Château d’Etelan : ce majestueux témoignage de l’histoire restauré par la volonté et l’immense passion d’un couple qui, de plus, dynamisa sa renaissance par l’organisation de nombreux concerts, d’animations et régulièrement par des expositions estivales. Je garde en mémoire quelques manifestations marquantes telles qu’une exposition de Jean Pierre Germain, à qui je dois beaucoup, une autre de Joan Mitchell ou encore des planches ornithologiques de Jean Jacques Audubon.
        Il y a quelques dizaines d’années, j’eus la chance de rencontrer Annie Claude Ferrando, non loin d’ici. Notre amitié m’a permis de suivre presque pas à pas son parcours artistique, de découvrir, les uns après les autres, les nombreux thèmes travaillés, les matières façonnées, les sentiments exprimés qui interpellent, bousculent et enchantent notre attention et nos curiosités.
Deux de ces thèmes sont ici exposés en un ensemble continu dès les premières marches d’escalier. Le cheminement évoque, pour gravir jusqu’en cette salle, les paysages normands : la terre d’adoption de l’artiste. L’invitation à la ballade est verdoyante, les lignes végétales rappellent les vergers, les plaines, les collines et talus jusqu’aux remparts de hêtres des clos masures, jusqu’au jaillissement des falaises d’ivoire que la Manche et les tempêtes ont sculptées en murailles massives, grandioses, parfois en aiguille et porte crayeuse qui s’élève vers le ciel.

        Si ce ciel est le domaine des oiseaux, alors nous y sommes. Les couples veillent tour à tour le nid, les colombes roucoulent, les perruches jabotent, les girouettes tournent au vent. Certes, les gallinacés ne volent guère ou seulement dans un nuage de plumes, mais en parade de crêtes écarlates, de plumages bigarrés, ils caquettent, coquelinent et s’imposent hardis, fiers, combattants, conquérants, vainqueurs, royaux. Ils rivalisent de légèreté, de matières et de lignes avec les sculptures : jeux de transparence, d’évocation, d’élévation, d’envol comme celui que prennent ces quelques paroles.

 

Olivier Bonnet
Château d'Etelan, 2016


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